mercredi 18 mars 2009

XAVIER FORTIN EST UN PAPA FORMIDABLE




















VOILA UN PAPA  QUI EST FORMIDABLE . IL A DEUX FILS PECHUS ET MAGNIFIQUES - TOUT EST EN ORDRE ... CA NOUS CHANGE UN PEU !

Leur mère ? Elle était « morte ». « Quand on répond ça, ça coupe court à toute discussion », dit Okwari, 17 ans.

Souvent, ils ajoutaient : « Morte d’un cancer du cerveau. »

ainsi, le père en veuf imaginaire, les deux fils en orphelins qui n'en étaient pas et le savaient, ont vécu onze ans dans la clandestinité, pendant que leur mère, bien vivante, les cherchait en vain.

Xavier Fortin, 52 ans aujourd’hui, avait soustrait les deux fils à Catherine Martin, fin décembre 1997.

Shahi Yena, l’aîné, avait sept ans. Okwari, cinq. Les deux gamins, aux prénoms amérindiens, ne voulaient pas, dit le père, retourner avec leur mère. Ils préféraient la liberté, la vie de bohème, semi-nomade, du paternel.

Catherine avait partagé, un temps, ce mode de vie, depuis 1987. Avant de s’en lasser. C’est elle qui a commis le premier délit, en le quittant en juin 1996, avec les enfants, sans prévenir, pour rejoindre, à mille kilomètres de leur demeure en Normandie, ses parents, aux Adrets (Var).

La justice condamne alors Catherine à six mois de prison avec sursis, pour non représentation d’enfants, en novembre 1996. Mais la justice laisse les fils à la mère, alors que le père en a la garde provisoire.

Forcément, Xavier Fortin vit ça comme une injustice.

Un an plus tard, il enlève ses enfants car ils seraient, selon lui, « victimes d’une tentative d’aliénation » dans sa belle-famille.

« Un lavage de cerveau ? », demande la présidente Emmanuelle Bessone, du tribunal correctionnel de Draguignan (Var), qui le juge hier, pour soustraction d’enfants mineurs.

Il acquiesce : « Un rejet extrême et brutal de nos valeurs. Il y avait une volonté de détruire toute leur enfance. Mes enfants, j’ai tout fait pour qu’ils restent libres. »

Ils sont là, au tribunal. Sûrs d’eux, crâneurs. Bien dans leur peau, en apparence. « On s’en sort pas trop mal, j’ai l’impression », dit Shahi Yena, 18 ans.

Et ils volent au secours du père, emprisonné depuis début février. « S’il est incarcéré, c’est en partie à cause de nous, dit Shahi Yena. Mais s’il y a quelqu’un qui nous a séquestrés, c’est la mère ! », assène-t-il, en référence aux premiers faits de 1996.

La souffrance de Catherine ? « Je comprends, mais elle a fait des erreurs qu’elle reconnaît », assure l’aîné.

Le cadet ajoute : « Elle a eu le choix. » En fait, non.

Okwara affirme que la fuite, « c’était [son] choix ». « Vous aviez cinq ans ! », lance la présidente, incrédule. « On a vécu dans la clandestinité, ça ne nous a pas empêchés d’avoir une vie sociale, poursuit Okwara. Ça a été une expérience très enrichissante. »

Un expert psychiatre estime que les deux garçons ne souffrent d’aucune pathologie : Xavier Fortin s’occupait bien d’eux.

Mais ils ont une « fascination » pour le père, reproduisent son discours, sans recul, sujets à une « emprise psychologique ».

« Je ne suis absolument pas manipulé », rétorque Shahi Yena, chez qui l’expert a noté « une froideur par rapport à l’image de la mère » et un « trouble du caractère » proche d’un sentiment de « toute-puissance ». Soit « le contraire d’une éducation libérale » prônée par leur père. 

Me Renaud Arlabosse, partie civile pour la mère, juge « un peu totalitaire » Xavier Fortin, qui a « choisi de tuer symboliquement la mère ».

Pour les deux garçons, elle ne semble d’ailleurs pas avoir ressuscité, même s’ils l’ont rencontrée.

Ils ne voient que leur père, angoissé dans le box, mais sans remords ni regrets.

« Il est en prison alors qu’il a fait preuve d’amour pour ses enfants », regrette Okwara.

Xavier Fortin se dessine aussi en victime,  « indifférent » à l’égard de Catherine, selon un expert psychiatre.

Fils de médecin, il assure : « Je n’avais pas le choix. Je me suis senti en situation de légitime défense de mes enfants. »

Qui étaient, selon lui, physiquement malades, même si rien ne le démontre dans le dossier.

« Sinon, ils auraient été démolis physiquement, et ils ne seraient pas ce qu’ils sont devenus. »

Alors, ils ont fuit dans le Gers, la Haute-Garonne, les Cévennes, le Vaucluse, le Gard, puis finalement  à Massat, en Ariège, où un témoignage anonyme a conduit à son arrestation, début février.

Le père s’est appelé Paco, Mikael, Pierre Duchène, Bertrand Delaroque.

Les enfants Manu, Théo, Jean-François, Michel. Il leur faisait l’école le matin et ils bénéficiaient d’un comité de soutien.

A Massat, il vivait comme éleveur, avec 180 euros par mois. Une dame qui les a hébergés a trouvé les enfants « très évolués » et le père « paranoïaque ».

« Parano ? Avec ce  qu’on a vécu…, soupire Xavier Fortin, dans la plainte perpétuelle. Ces douze ans, c’est un cauchemar. Mais je ne regrette pas.»

« Il s’est enfoncé dans la négation de la mère, déplore le substitut Laurent Robert. Jamais il ne se remet en questions. »

Le substitut rappelle que, à cinq et sept ans, les enfants « n’avaient pas le discernement pour faire un choix ».

Il requiert deux ans de prison, dont 18 mois avec sursis, et le maintien en détention.

« Comment ? Vous allez le punir lui, donc finalement les enfants, et la mère ?», déplore Me Pascaline Saint-Arroman Petroff, son avocate.

La mère ? Absente, hier, par volonté de s’effacer. « Sa position est la plus difficile, assure Me Arlabosse, partie civile. Elle n’agit pas par vengeance ou colère. Elle veut reconstruire une relation sereine avec ses enfants. »

Pas évident : Okwara lui reproche de ne pas avoir retiré sa constitution de partie civile contre leur père, comme elle l’avait annoncé lors de son arrestation : « Elle nous a menti. »

Xavier Fortin a été condamné à deux ans de prison, dont 22 mois avec sursis. Compte tenu de sa détention provisoire, il a été remis en liberté dans la soirée.

MICHEL HENRY
ENVOYÉ SPÉCIAL À DRAGUIGNAN


** Voir Article de Libé Marseille + ses commentaires avec ce lien

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